Souveraineté alimentaire : un scandale made in France

Ce lundi Terre de Liens publie son nouveau rapport sur l’état des terres agricoles en France « Souveraineté alimentaire, un scandale made in France » et révèle que la France a perdu la capacité à nourrir ses habitant·es.

La France a perdu la capacité de nourrir sa population

🍽 Si on vous disait que pour remplir nos assiettes, la France importe aujourd’hui l’équivalent de la surface de l’Islande tandis qu’elle vide ses champs en exportant près de la moitié de la production de nos terres agricoles, vous trouveriez ça fou, non?

Sans compter que pour tenir la cadence de ces exportations, elle détruit à bas bruit nos terres, notre santé et nos agriculteurs…Il y a comme un petit (gros) problème dans le système!

C’est pourtant bien la réalité de notre système agricole. L’agriculture française, en plus d’asphyxier celles et ceux qui nous nourrissent, menace aujourd’hui nos assiettes.
Tout cela n’est pas le fruit du hasard, mais le résultat de décennies de politiques agricoles déconnectées de ces assiettes.

Une championne agricole… qui ne remplit pas nos assiettes ?!

📑 Dans son nouveau rapport sur l’état des terres agricoles en France, Terre de Liens révèle que la France a perdu la capacité à nourrir sa population. Avec 28 millions d’hectares de terres agricoles, notre pays a en théorie de quoi nourrir sa population, et même plus. Mais en pratique, 43% de ces terres sont dévolues au commerce international, réduisant notre souveraineté alimentaire à une chimère politique.

Accro aux importations

🤡 Pour compenser cette perte, la France est obligée d’importer au moins 20% des produits dont elle se nourrit. Un chiffre qui a doublé en 20 ans et qui est sans aucun doute sous-estimé tant l’origine de la matière première utilisée dans les aliments transformés est floue.

🚨 Notre modèle agricole est si absurde que nos terres ne nourrissent ni ceux qui la travaillent ni ceux qui vivent autour.

On pourrait se consoler au titre que “la France nourrit le monde”, mais cet argument ne tient plus la route quand on sait que notre pays dépend d’engrais chimiques et d’énergies venus de partout dans le monde pour ses cultures végétales, et de 4 millions de tonnes annuelles de soja d’outre-Atlantique pour nourrir ses élevages “locaux”.

A qui la faute ?

❌ Cette situation absurde n’est pas le fruit du hasard. Elle est le résultat de 75 ans de déconnexion politique entre agriculture et alimentation. Un système où la demande n’oriente pas l’offre, et où l’offre est tenue par des intérêts agro-industriels, incompatibles avec l’intérêt général. Un système contre lequel notre mouvement citoyen s’élève depuis des années en mobilisant les forces du changement et une expertise implacable, comme dans ce nouveau rapport.

Reconnecter la terre à l’assiette, c’est possible !

🤝 Pourtant, nourrir assez de monde en préservant l’environnement, c’est possible (voir le scénario Afterres 2050, Solagro). Et des initiatives existent partout en France, portées par des collectivités, des fermier·es, des citoyen·nes…

La politique agricole et alimentaire de la métropole de Nantes

Pour la métropole de Nantes, relier agriculture et alimentation est un enjeu capital. Grâce à une politique volontariste des élu·es, les surfaces agricoles et le nombre de fermes sont restés stables depuis 10 ans et le bio a progressé. De nombreuses initiatives voient le jour pour une alimentation saine et abordable, pour préserver les terres et l’environnement.

Nous avons conscience que le foncier est le nerf de la guerre. C’est pour cette raison que nous avons mis en place une véritable stratégie foncière innovante, dotée d’un budget annuel de 1,5 million d’euros, dirigé vers des acquisitions foncières afin d’atteindre notre objectif de conserver 100 % des surfaces agricoles utiles et d’atteindre 50 % des terres en bio.

Delphine Bonamy – Conseillère métropolitaine, Nantes Métropole

Nos recommandations 📝

📣 A l’heure où la France entend se doter d’une loi d’orientation agricole pour “préserver” sa souveraineté alimentaire, Terre de Liens appelle le gouvernement à mettre en cohérence production agricole et besoins alimentaires de toute urgence car en l’état, notre “souveraineté alimentaire” n’existe déjà plus !

Pour garantir une souveraineté alimentaire réelle et durable, il est crucial de transformer radicalement les politiques publiques afin qu’elles répondent aux besoins alimentaires de toutes et tous, protègent les ressources naturelles et valorisent le travail des agriculteurs et des agricultrices. Le processus législatif en cours autour de la loi d’orientation et d’avenir agricole (LOA) semble à nouveau rater la cible d’ancrer ces transformations dans un cadre juridique ambitieux. Une véritable politique alimentaire doit :

  • Réorienter la PAC vers une politique agricole et alimentaire commune (PAAC) ;
  • Massifier les installations agricoles pour une agriculture nourricière et riche en emplois ;
  • Démocratiser le système alimentaire par la participation citoyenne dans les instances agricoles ;
  • Encadrer les acteurs de l’aval pour une transition agroécologique globale.

Les territoires sont souvent les plus à même d’engager une transition globale du système alimentaire, en intégrant un plus grand nombre d’acteurs et en adaptant les solutions à leur contexte local. Pour aller plus loin dans cette dynamique, il est essentiel de renforcer le pouvoir d’agir des collectivités territoriales :

  • Renforcer le pouvoir des collectivités territoriales à agir en les dotant d’une véritable compétence alimentation durable ;
  • Attribuer des moyens pérennes pour soutenir les stratégies alimentaires des territoires.

À Terre de Liens, nous n’avons pas attendu pour préserver les terres agricoles et soutenir une agriculture paysanne, locale et nourricière ! En adhérant à l’association, vous soutenez une dynamique collective pleine de force et d’espoir. 

ENSEMBLE, MOBILISONS-NOUS POUR UNE AGRICULTURE NOURRICIÈRE !

Partagez l'info !