Un nouveau paysan boulanger à la ferme collective des Radis&Co

Le collectif des Radis&Co est installé depuis 2011 sur la ferme Terre de Liens de La Gorronière, à Montflours au nord de Laval. Au fil des années, l’équipe évolue : aujourd’hui, c’est Maxime Dubreuil qui les rejoint en tant que paysan-boulanger. Il nous raconte son parcours.

Je suis un NIMA, c’est-à-dire « non issu du milieu agricole », comédien depuis de longues années, et j’ai bourlingué pas mal… Il y a quelques années, de retour à Laval, je me suis approvisionné dans une AMAP : les Resses de la semaine.
C’est là que j’ai fait connaissance avec les maraîcher·es des Radis&Co : la ferme de la Gorronnière a en effet été à l’origine de cette AMAP, y apportant chaque semaine des légumes, produits laitiers et pains. Le contact est facile avec les Radis&Co, ces personnes aiment tellement partager leur passion d’une vie paysanne, sobre et engagée… Un jour, j’ai entendu dire qu’un coup de main en maraîchage serait le bienvenu. Je les ai donc sollicité·es pour un contrat court et voilà comment mon histoire agricole a commencé !
Après cette découverte du maraîchage, et toute la vie à la ferme, je me suis posé beaucoup de questions… J’ai passé un diplôme agricole, imaginé un projet commun avec un copain…qui finalement n’a pas abouti. Découragé et un peu perdu, je ne me voyais pas être maraîcher seul sur des terres, je suis revenu vers la culture (côté artistes, je veux dire !)
On arrive en 2019- 2020…Covid ! les artistes sont à l’arrêt et c’est le coup de massue : la culture n’est « pas essentielle » ! Alors je retourne vers le maraîchage à la Gorronnière : on ne pense plus à la Covid, on est en plein air et l’AMAP a le droit de continuer ses distributions ! Coup de main aussi au fournil… et là, c’est une grande découverte : trop top de savoir faire un pain excellent !
J’enchaîne avec une « formation paysan créatif » d’un an à la CIAP53 (coopérative d’installation en agriculture paysanne de la Mayenne) : un an d’expériences, accompagné par des paysan·nes référent·es, j’en choisis certain·es qui sont boulanger·es évidemment ! Il s’ensuit une période de doutes et de questionnements intenses… Je trouve des terres à 20km de Laval à louer ou à acheter, mais il faut y construire un fournil. Il y a bien la possibilité d’utiliser le four d’une ferme lavalloise, mais il faut l’agrandir, et cette ferme n’a pas de terres disponibles pour moi. Alors, cultiver d’un côté, transporter les céréales, pour les transformer ailleurs ?…ça semble compliqué !
A ce moment, j’entends dire qu’Estelle, boulangère à la Gorronnière, souhaite partir fin 2024 !
Je reviens creuser la question avec les Radis&Co : peu d’investissement à faire (le matériel est fonctionnel), une équipe soudée et ouverte… Après la formation CIAP, j’ai enchainé jusqu’à fin 2024 un stage de parrainage pour conforter mon envie d’intégrer – et d’être intégré par- l’équipe du GAEC Radis&Co !
Janvier 2025 : les 4 autres associés du GAEC sont d’accord pour m’accueillir, à ma grande satisfaction !
Des projets sur la ferme ?
Il y en a toujours en cours, et beaucoup de questionnement sur chaque atelier : développer de nouvelles productions, en arrêter certaines ? améliorer les salaires des associé·es et continuer à garder les salarié·es, sans toutefois augmenter inconsidérément la charge de travail ?
Les paysan·nes apprécient ce rythme qui leur permet d’avoir 4-6 semaines de congés, une astreinte un week-end par mois, la forme physique n’est plus la même qu’à 20 ans. Mais la question du revenu est cruciale : les enfants grandissent, envisagent des études, ce n’est pas rien…
Les consommateurs et consommatrices sont présent·es, mais leur nombre stagne ces dernières années. Alors je me demande : comment relancer la machine…? De l’enthousiasme, les paysan·nes en ont, les citoyen·nes en visite sur la ferme aussi, il faut que cela se concrétise en actes de consommation quotidienne !